Les fruits du gingko by Miyazawa Kenji

Les fruits du gingko by Miyazawa Kenji

Auteur:Miyazawa, Kenji [Miyazawa, Kenji]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise, Nouvelles
Éditeur: Le serpent à plumes
Publié: 1933-12-31T23:00:00+00:00


4. L’apaisement de Nénémou Pène-nène-nène-nène-nène

La réputation de Nénémou Pène-nène-nène-nène-nène comme président du Tribunal du Monde des Esprits s’était à présent considérablement renforcée. Tout le monde s’accordait à dire que depuis la naissance du monde, dès la plus petite daphnie, laquelle s’était ramifiée, avait évolué, des jambes lui ayant poussé, jamais on n’avait vu de juge aussi sage.

Même Shâlon, l’esprit-usurier, avait loué Nénémou Pène-nène-nène-nène-nène en déclarant :

« Ah, M. Nénémou Pène-nène-nène-nène-nène est un bon juge. C’est la résurrection du Juge Daniel ! Ou mieux encore, c’est son aboutissement ! »

Le Chef Suprême du Monde décida que Nénémou monterait en grade chaque jour, et que chaque jour il recevrait une décoration. À tel point qu’il fallait deux heures à Nénémou pour énumérer la totalité de ses grades et que ses décorations tapissaient tous les murs de sa chambre. Ainsi, quand Nénémou devait prononcer une allocution, lors d’une cérémonie, comme il était fort fastidieux de débiter toute la suite de ses titres, il avait été décidé que les trente subalternes, d’une même voix, déclameraient plusieurs de ses qualités, ce qui prenait tout de même quatre minutes. Quant aux décorations, il était bien sûr exclu de les épingler à la poitrine, aussi avait-il accroché sur sa toge une large bande de tissu d’une bonne dizaine de mètres sur laquelle elles étaient fixées : les trente subalternes soutenaient le tout à la manière d’une traîne. Nénémou se retrouvait donc couvert de gloire et d’honneurs et il avait même le privilège suprême de déguster l’omelette à la paille, ce qui, personne ne l’ignore, était exclusivement réservé au professeur Fou Fi Bô. Tout le monde était persuadé qu’il avait atteint le comble du bonheur. Or, Nénémou n’était pas heureux parce que le souvenir de sa sœur Mamimi ne le quittait pas, elle qui avait été emmenée avec de vigoureux Oh oh, hoï-hoï, oh oh, hoï-hoï ! dans une hotte pleine de friandises l’année de la grande famine, lorsque Nénémou avait huit ans.

Un jour, il sonna l’un de ses sujets.

« J’ai quelque chose à te demander, fit-il.

— Monsieur le Président, de quoi est-il question ?

— Dans quelle profession utilise-t-on des petites filles dont les articulations des genoux et des chevilles sont encore très souples ?

— Certainement chez les esprits-illusionnistes, répondit le sujet après un temps de réflexion. Ceux-ci utilisent des petites filles jusqu’à douze ou treize ans en prétendant qu’ils accomplissent des transformations… Et voilà qu’apparaît un chien et à présent c’est un lapin !… On les voit souvent façonner les jeunes fantômes à la manière de ces figurines en pâte de riz sucrée, et ils les étirent, les mettent en boule, leur ajoutent des oreilles puis les leur enlèvent, etc.

— Ah bon. Et ces individus, il y en a combien dans notre Monde ?

— Lors d’une enquête effectuée l’an dernier, nous avions répertorié cinquante-neuf personnes pratiquant l’illusion mais il semble qu’aujourd’hui ce nombre ait fortement baissé.

— Bon. Façonner des jeunes fantômes comme des figurines en pâte de riz, ne serait-ce pas un vestige de l’époque où notre



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.